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Vidéo numérique
Stigmates de la terre
Date : 2020 - Durée : 00h11
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Je pars sur les traces de ma grande-tante Esfir Baroukhovna Schatz à Kyiv (Kiev), avec en poche la vieille photographie noir et blanc que m’a légué ma grand-mère. Dans le quartier de la Lukyanivka, le temps semble avoir creusé une ravine, que les feuilles mortes de l’automne commencent à recouvrir.Babi Yar est un paysage muet. Pourtant la ravine est toujours là, comme une cicatrice urbaine, témoin taciturne du plus grand massacre de la Shoah par balle en Ukraine. L’Armée allemande occupe Kyiv à la fin de l’été 1941. Rapidement, les autorités militaires placardent un communiqué : “Tous les Juifs de Kiev et de ses environs, doivent se présenter le lundi 29 septembre à 8 heures du matin à l’angle des rues Melnikov et Dokhterov, avec leurs papiers d’identité, de l’argent, leurs objets de valeurs, ainsi que des vêtements chauds.” Le lundi 29 et le mardi 30 septembre, 33 771 Juifs sont exécutés. Leurs corps abandonnés dans la combe de Babi Yar.Mais cet anéantissement n’est pas anonyme pour Macha Ovtchinnikova. Il porte le nom d’Esfir, la sœur de sa grand-mère adorée. Son film est une lettre qu’elle lui adresse. Ses images sont une tentative pour donner corps à une petite croix inscrite au stylo sur un vieux cliché. Seul signe tangible de sa disparition, l’image est le point de départ d'un voyage dans un passé cruel. À la manière d’une archéologue, la cinéaste cherche à entrevoir son passé dans les stigmates laissés par la terre d’Ukraine.