Playlists Sitar et musiques occidentales
Ravi Shankar à Woodstock, 15 août 1969 (CC by Markgoff2972)
A l’occasion du centenaire de la naissance du sitariste et compositeur Indien Ravi Shankar (1920-2012) et de son rôle influent de passeur pour des musiciens du monde entier, nous vous proposons de partir à la découverte de nos playlists sur l’utilisation du sitar dans les musiques occidentales, principalement populaires.
Le Sitar, luth à manche long de la famille des cordes pincées développé à partir du 17e siècle et dérivé à la fois du tambur perse et de la Tritantri Vina, est un instrument principal de la musique hindoustanie (musique classique d’Inde du Nord). Sa popularité dans le monde entier à partir du milieu du 20e siècle s’est diffusée grâce à l’apport de grands musiciens virtuoses Indiens comme Ravi Shankar, Vilayat Khan, Nikhil Banerjee et, plus récemment, Shahid Parvez, Kushal Das ou encore Anoushka Shankar. En Occident, Ravi Shankar a personnifié plus que d’autres les subtilités profondes, la complexité et le côté méditatif de la musique classique indienne et s’est positionné en passeur du vaste engouement pour le sitar en multipliant les tournées et apparitions dans des festivals, l’enseignement et les collaborations (Yehudi Menuhin, George Harrison des Beatles, Philip Glass…).
En Occident, musique classique et contemporaine et musique modale hindoustanie se sont parfois croisées et influencées. Quelques sitaristes non indiens ont par ailleurs développé un niveau élevé d’interprétation ou d’enseignement de la musique classique indienne. Exploré et utilisé dans des genres musicaux populaires allant du jazz à l’électronique, le sitar a connu dans la musique pop et rock une vogue certaine, notoirement dans les années 60 et 70.
Le jazz (Indo jazz, fusion, world-jazz) l’a notamment utilisé - et encore jusqu’à aujourd’hui - avec de belles réussites, dans ses recherches modales et son intérêt pour l’Orient, mais aussi de façon plus opportuniste - parfois non dénuée de charme. C’est dans les courants pop-rock que le sitar va développer sa popularité, pour le meilleur et le moins bon. A partir du milieu des années 60, associé à un intérêt croissant pour la spiritualité de l’Inde et sous l’impulsion de quelques précurseurs éclairés (dont Georges Harrison des Beatles, lui-même élève de Shankar), la sonorité du sitar va envahir nombre d’enregistrements des plus célèbres groupes et artistes jusqu’aux plus obscurs. Sur les traces du folk qui explorait déjà les accords modaux pour s’ouvrir d’autres horizons, la pop et le rock exploitent le sitar d’abord par petites touches exotiques, puis de façon plus affirmée dans les ragas-rock du courant psychédélique. Une « sitarploitation » émerge (pop mais aussi musiques de films, chanson, easy-listening…) avec son lot de curiosités, où les sonorités tout autant méditatives que dynamiques apportées par le sitar sont employées de façon plus moins inspirée. Le sitar électrique, produit à la fin des années 60 pour imiter le son du vrai sitar sans avoir à l’apprendre, est commercialisé pour surfer sur la mode mais aussi apporter une coloration particulière notamment exploitée dans la soul, le funk et les musiques de films, mais aussi le rock progressif par exemple.
Si la présence du sitar (et du sitar électrique) dans les musiques populaires s’est globalement estompée au milieu des années 70 (hormis chez quelques individualités jazz ou expérimentales, New Age et bien sûr en Inde dans la musique de film Bollywood), son utilisation a poursuivi son chemin dans les musiques du monde (flamenco par exemple) ; jusqu’à revenir depuis la fin des années 80 à nos jours en volutes éparses notamment durant les diverses phases néo-psychédéliques du rock. Certains courants rattachés aux musiques électroniques (breakbeat, électro-dub, mouvement britannique ‘Asian underground’) ont su de leur côté depuis les années 90 revivifier l’emploi du sitar (réel ou samplé, ou encore émulé grâce aux avancées technologiques), de même que de nouvelles générations de sitaristes de tous horizons. Le sitar peut ainsi se projeter dans le 21e siècle et continuer à dépasser la frontière entre tradition et modernité, rejoignant les intuitions de Ravi Shankar.
Bonnes écoutes !
Par Christophe L, bibliothèque Buffon
Sitar et Musiques occidentales... Notre sélection de disques
Notre sélection de disques Sitar et Musiques occidentales
Vous pourrez, dès leur réouverture, retrouver dans les collections des bibliothèques parisiennes des albums et compilations où le sitar est particulièrement présent, dans différents genres musicaux (hors Inde).