Sélection L’éco-anxiété : le nouveau mal du siècle ?
CC by Li-An Lim (Unsplash)
Ces dernières années, on entend de plus en plus parler d’éco-anxiété, et vous êtes peut-être vous-même touché.e par ce phénomène. Mais qu’est-ce que l’éco-anxiété, quelles en sont les causes, et comment la surmonter ? Cette sélection de livres vous permettra de vous repérer dans tout ce qu’englobe ce sujet.
L’éco-anxiété, qu’est-ce que c’est ?
Le réchauffement climatique, les extinctions d’espèces animales, la pollution vous inquiètent au point de provoquer maux de ventre et insomnies ? Vous n’êtes pas seul.e et souffrez probablement d’éco-anxiété.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le numéro de Socialter « Êtes-vous éco-anxieux ? Numéro 54 (socialter.fr) (disponible dans le réseau des bibliothèques : Socialter : le magazine de l'économie nouvelle génération : innovations sociales - technologies - entrepreneurs du changement.
Non reconnu comme un trouble au sens médical, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une angoisse réelle partagée par un grand nombre de personnes à travers le monde. Depuis quelques années, ce terme est de plus en plus utilisé dans les médias, mais d’où vient-il et que recouvre-t-il exactement ?
C’est Véronique Lapaige, chercheuse canadienne en santé publique et environnementale, qui a associé dès 1997 les mots écologie et anxiété afin de décrire l’angoisse ressentie devant la menace climatique. L’éco anxiété englobe un sentiment d’intense préoccupation, de vigilance, d’impuissance, mais aussi de colère face à l’inaction des pouvoirs publics et de nos dirigeants politiques.
L’éco-anxiété, est-ce la même chose que la collapsologie, l’effondrement, la solastalgie… ?
Dans son ouvrage paru en 2015 Comment tout peut s’effondrer, petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, Pablo Servigne (ingénieur agronome et docteur en biologie) nous alertait déjà des risques pour la biodiversité liée à l’exploitation intensive des ressources de la planète.
Ces théories de l’effondrement, bien que fondées sur des faits scientifiques, étaient relativement abstraites pour beaucoup d’entre nous, notamment par leur côté alarmiste et apocalyptique. Ce sont les catastrophes naturelles récentes à travers le monde (incendies, séismes, hausse inquiétante des températures…) qui ont rendu plus visibles et concrets les effets du réchauffement climatique et avec elles notre inquiétude grandissante (stress pré-traumatique, causé par l’anticipation de ce qui pourrait arriver).
En parallèle de cette angoisse face à l’avenir, un sentiment de tristesse et de perte, voire de deuil, peut nous saisir lorsque l’on compare le monde d’aujourd’hui avec celui de notre enfance. On parle alors de solastalgie : néologisme utilisé en 2003 par le philosophe de l’environnement Glenn Albrecht.
Qui sont les personnes les plus touchées ?
Concernés au premier chef et inquiets pour leur avenir, les jeunes (14-25 ans) sont les plus touchés par ce phénomène. Leur prise de conscience et leur mobilisation massive se cristallise autour de la figure de la militante écologiste Greta Thunberg, avec notamment les marches pour le climat.
Des études révèlent que ce sont également des femmes de catégories socio-professionnelles supérieures, vivant en ville, qui se préoccupent particulièrement de ce sujet, allant parfois jusqu’à remettre en cause le désir de mettre un enfant au monde.
Quels sont les moyens d’actions ou solutions pour transformer cette angoisse en actions ?
Si à l’échelle individuelle les moyens d’actions semblent vains, se rassembler et agir permet de lutter contre ce sentiment d’impuissance. La peur devient alors un moteur pour mettre en place une nouvelle vision du monde fondée sur la solidarité et la transformation des modes de vie. Certains éco-anxieux se tournent alors vers le militantisme écologique et la désobéissance civile.
(exemple : le collectif Extinction Rebellion, qui a publié le livre pour la jeunesse : Tout changer : sauver la planète avec Extinction rebellion)
Le terme éco-anxiété peut laisser penser qu’il s’agit d’un problème individuel, lié à l’hypersensibilité des personnes qui en sont touchées. Or il s’agit d’un problème collectif, et d’une réaction normale face à la détérioration de notre environnement.
Selon Alice Desbiolles en effet, qui a écrit L'éco-anxiété : vivre sereinement dans un monde abîmé, « Les personnes éco-anxieuses sont, in fine, les personnes rationnelles et lucides dans un monde qui ne l’est pas. »
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