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Musique
Oeuvres pour violoncelle et piano
Edité par Distrart - paru en C 2020
Le violoncelle tout comme l'alto tiennent une place éminente dans le répertoire chambriste et concertant de Chostakovitch. Datée de 1934, la Sonate pour violoncelle et piano porte l'influence du romantisme et des couleurs à peine teintées de quelques acidités. L'ampleur du jeu des deux interprètes - Anouchka Hack et Katharina Hack - traduit moins la violence expressive de l'oeuvre et ses états d'âme violemment contradictoires, que le timbre des voix, avec une aisance acrobatique. De fait, le Largo, au coeur de la partition porte une mélodie sinueuse et plaintive, allant jusque dans la nuance quadruple piano. En 1975, Chostakovitch consacra les dernières semaines de son existence à la composition de la Sonate pour alto. Il n'eut pas le temps d'entendre la création de son ultime partition. La transcription réalisée par le violoncelliste Daniil Shafran provoque une écriture intense et dépouillée approchant du silence. De nombreuses réminiscences d'oeuvres antérieures et de partitions du 19e siècle colorent un matériau sonore mis à nu. Les deux solistes jouent de la richesse de leurs monologues étranges et inquiétants. La célèbre danse de l'Allegretto manque un peu de cette violence dans la pulsation, mais l'effet orchestral impressionne. Le finale est le mouvement le plus réussi parce qu'il interpelle l'auditeur : voici venu le temps de la résignation, l'ultime parole d'un compositeur. Gautier Capuçon rejoint Anouchka Hack dans le Prélude extrait des Cinq Pièces pour deux violons et piano. Ce cycle fut composé en 1970. Le Prélude emprunte son thème à la musique de film, le Taon op. 97a. L'élégance de cette pièce profondément visuelle est portée par les deux archets qui se croisent avec beaucoup de chaleur. (Jean Dandrésy).