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Vidéo numérique
Zou
Date : 2022 - Durée : 00h56
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Avec une jambe en moins, Ahmad avance plus vivement qu’un homme valide. Sa jambe amputée, membre fantôme qu’il peut encore imaginer bouger, est le pivot de cette histoire. Sa jambe lui a fait perdre la grande partie de sa famille, l’a forcé à fuir son pays, l’a freiné pendant son exode et lui rend la vie plus laborieuse. Mais sa jambe sera un précieux point d’appui pour son intégration en France. L’existence d’Ahmad Shah, honnête tailleur, est marquée par la guerre depuis son enfance. Par les missiles russes envoyés sur sa maison dans les années 80 ou, plusieurs décennies plus tard, par les tentatives d’intimidation des Talibans, le groupe islamiste cherchant à reprendre le pouvoir du pays passé sous le contrôle des États-Unis en 2001. Poursuivre son existence dans la région, pourtant faste en melons et pistachiers, est devenu trop risqué. Ils décident donc de partir en 2008 avec sa femme et leurs trois enfants afin de se réfugier au Pakistan. Puis Ahmad Shah sera obligé de partir seul à la recherche d’un nouveau territoire pour installer les siens. Cette épopée douloureuse le mènera de l’Iran jusqu’au Nord de la France, à Lille. Malgré la violence, le déracinement et la solitude, Zou s’éloigne de la majorité des films documentant la misère des migrants. À l’image de son héros, le film est avenant et généreux et se déguste comme un bonbon. En commençant par l’emballage. La réalisatrice plasticienne Claire Glorieux a imaginé pour le plus grand plaisir des yeux un univers fantaisiste intégralement fabriqué à la main, digne d’une miniature ou d’une maison de poupée. Ce magnifique écrin artisanal de papiers découpés, pliages, collages, tissus et photographies fournit un cadre bienveillant pour accueillir le témoignage d’Ahmad Shah et reconstituer les scènes de son récit, à la manière d’un diorama. Puis arrive le plaisir gustatif. Cette histoire révèle beaucoup de bonté, de sourires et de belles rencontres, notamment avec Gonzague, l’un des héros ordinaires de cette aventure humaine, qui a accueilli chez lui Ahmad Shah durant deux ans. Pour autant, loin d’être cousu de fil blanc, Zou retrace le difficile parcours des réfugiés et invite à réfléchir à tous ceux qui n’ont pas eu la chance de trouver une maison ouverte et une main tendue sur leur chemin dans l’attente de la régularisation de leur situation. « Le découpage fait écho à l’amputation et à l’exil. La couture ou le reprisage évoquent la suture ou la réparation. » Claire Glorieux