Vidéo numérique

Pomelo

Phuong Thao Tran (Réalisateur) - Swann Dubus (Réalisateur)

Date : 2018 - Durée : 01h15


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Un des quartiers anciens de Hanoï, capitale de la République populaire du Vietnam, porte le nom de Buoi (Pomelo), peut-être à cause de son marché centenaire haut en couleur. Ce n'est toutefois pas cette sympathique et inoffensive attraction populaire qui incite Thao Tran et Swann Dubus à venir à la rencontre des habitants et des lieux. La rumeur court que le quartier tout entier est en train de disparaître sous les coups des pelleteuses, victime de l'urbanisation à marche forcée que connait la ville. En effet, quand les cinéastes arrivent sur place, les engins ont déjà lancé les opérations de destruction et le propriétaire des maisons condamnées, "chef Kang" est en conversation animée avec Huy et Quyén, les démolisseurs qu'il a recrutés. Le dialogue est particulièrement explicite sur les relations de travail dans le secteur du bâtiment: d'un côté les ordres et les reproches, car le patron veut faire accélérer la cadence et préserver ses biens des voleurs de métaux ; de l'autre la soumission et la ruse, car Huy compte aussi sur la vente des métaux pour compléter sa maigre paye. On a bientôt un aperçu de cette économie de la misère, quand six femmes, travailleuses immigées clandestines, se précipitent sur le chantier sans autre protection qu'un masque sur le visage et le traditionnel chapeau pointu, pour glaner dans les gravats les précieux matériaux. Maltraitées, rabrouées et rackettées, elles reviennent inlassablement et au péril de leur vie casser des cailloux pour en extraire le métal. Toujours à la limite de l'accident - un pan de mur est tombé dans la rue juste à côté d'un passant - les démolisseurs doivent aussi gérer les exigences de la mafia locale, que le patron tarde à payer. À quelques encablures de là, dans un immeuble provisoirement épargné, s'est installée une école de coiffure. Dans cet environnement dantesque plutôt angoissant, des jeunes apprentis écoutent religieusement la leçon du maître et passent aussitôt à la pratique sur des mannequins, puis sur leurs propres têtes, non sans quelques déboires. Mais l'avenir n'est pas aussi rose que leurs cheveux, car les emplois sont rares et personne ne veut se charger de personnel à nourrir et à loger. Très centré sur la comédie humaine qui se joue dans ces lieux, le film n'en oublie pas pour autant les enjeux politiques et environnementaux. Ménageant quelques plans larges sur le pittoresque centre-ville et son architecture d'inspiration française et soviétique, il leur oppose des scènes répétées de destruction aboutissant à la vision d'un immense champ de ruines. Comme de nombreuses mégapoles de par le monde, Hanoï n'a pas échappé à ce que l'on appelle la "gentrification", la recomposition sociale des villes au profit des populations aisées. L'habitat dense des quartiers populaires est sacrifié au besoin de larges artères de communication, symboles mortifères de l'accélération du développement économique.

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