Image extraite du catalogue de l'exposition YITZHAK RABIN / AMOS GITAI à la Bibliothèque Nationale de France

Double actualité parisienne pour Amos Gitaï cette année avec l’exposition YITZHAK RABIN / AMOS GITAI à la Bibliothèque Nationale de France et les représentations de la pièce Yitzhak Rabin : Chronique d’un assassinat au Théâtre du Châtelet du 28 juin au 1er juillet.

Après avoir fait don d’une partie de ses archives à la Cinémathèque Française en 2007, le cinéaste Amos Gitaï vient de déposer à la Bibliothèque Nationale de France l’ensemble de ses archives -soit  plus de 30 000 documents – concernant « l’œuvre Rabin ».

Chacun de ces dons a donné lieu à une exposition : l’une en 2014 à la Cinémathèque Française et l’autre en 2021 à la Bibliothèque Nationale de France.

Si la nature des fonds déposés diffère, la démarche est la même : préserver et restaurer la mémoire, réfléchir à un avenir commun, continuer à faire œuvre.  

Le précieux catalogue de cette deuxième exposition est en cours de distribution dans le réseau des bibliothèques de la Ville de Paris.

« L’œuvre Rabin » et le dépôt à la Bibliothèque Nationale de France

En 1994, Amos Gitaï  réalise Give Peace a chance, une série de conversations filmées avec Yitzhak Rabin qui sera le point de départ de son « œuvre Rabin ». L’assassinat d’ Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995 le rendra inconsolable. L’Arène du meurtre en  1996 sera  sa première réponse à «  la mort d’un chef d’État et d’une idée ». Le Dernier Jour d’ Yitzhak Rabin en 2015, constitué d’images d’archives et de scènes du meurtre reconstituées, en sera une deuxième. À son sujet il déclarera : «L’assassinat d’Yitzhak Rabin  est la question, le film, la tentative d’y répondre,  je fais un film quand quelque chose me touche profondément, me perturbe ».

Et quand quelque chose le perturbe, il n’hésite pas à y revenir : fidèle sa méthode  (un film est un moment d’un processus et non une fin), Amos Gitaï  va décliner « l’œuvre Rabin » sous différentes formes.  En 2016, il met en scène à AvignonYitzhak Rabin : Chronique d’un assassinat. Ce spectacle sera ensuite repris à New York, Los Angeles et à la Philharmonie de Paris en 2018  pour revenir en 2021 au théâtre du Châtelet. Il ne se s’agira jamais du même spectacle mais d’une variation sur le même thème. Poursuivant le processus, les expositions /installations vidéo de 2016 à Avignon, Bruxelles et Rome seront-elles aussi- des dispositifs immersifs interrogeant l’assassinat d’ Yitzhak Rabin.

La totalité de ses archives sur « l’œuvre Rabin » (30 000 documents) a été versée à la Bibliothèque Nationale de France afin de susciter des études et des recherches, de témoigner de sa volonté de les sauver de l’oubli, espérant qu’elles puissent être des agents actifs du changement. En exposant tout le processus créatif (comme à la Cinémathèque),  Amos Gitaï fait le pari de la capacité des lecteurs, chercheurs et visiteurs à réinterpréter ses propres choix artistiques.

La mémoire  et la notion d’archives vivantes 

Lors d’un entretien récent accordé à France  Culture, Amos Gitaï déclare « la mémoire, ce n’est pas strictement une histoire de nostalgie, c’est aussi un projet d’avenir ».

Selon lui, la mémoire aide à réparer. Il faut reconstruire les mémoires, avancer, ne pas renier  le passé. Les artistes et  les citoyens ont le droit et le devoir moral de critiquer le pouvoir, d’interroger le passé. Déposer ses archives à la Bibliothèque Nationale de France est un acte civique de reconstruction de la mémoire. Amos Gitaï a également confié des archives à la Bibliothèque Nationale de Jérusalem et à l’Université de Stanford afin de «  créer des coalitions »  mémorielles. 

Paris et la France  

Amos Gitaï réside aujourd'hui entre Haïfa et  Paris.

Avec ce don d’archives il remercie la France, pays qui a rendu possible la production et la diffusion de ses films tout en lui permettant de  garder son identité.

Amos Gitaï a régulièrement exposé ou représenté ses œuvres à Paris: Palais de Tokyo, Centre Pompidou, Philharmonie, Châtelet, Théâtre de l’Odéon, Cinémathèque française, Bibliothèque Nationale de France.

Il a également été élu professeur à la chaire de « Création artistique » du Collège de France, où il a donné une série de neuf leçons sur le cinéma (octobre-décembre 2018) suivies d'un colloque en juin 2019.