Monte le Son spécial Africa2020 À la découverte du semba angolais
L'artiste Bonga sur la scène du festival du bout du monde à Crozon le 6 août 2011
A l'occasion du festival Monte le Son spécial Africa 2020, partez à la découverte des rythmes du semba, musique née dans les années 50 en Angola.
Le Semba n’est pas une musique traditionnelle. Il s’agit d’une des nombreuses musiques urbaines nées au XXe siècle en Afrique et ayant accompagné les indépendances. Colonie portugaise depuis près de 400 ans, l’Angola devra attendre 1975 pour prendre son destin en main.
Pourtant, dès les années 40, des envies d’émancipation voient le jour chez certains jeunes. Parmi ceux-ci, « Liceu » Vieira Dias, un membre de la classe des « assimilados », c’est-à-dire des africains ayant reçu une éducation à l’européenne, se sent tiraillé entre ses deux cultures et déplore le dénigrement des cultures africaines par le pouvoir colonial.
Amateur de musique, il décide de monter, avec des amis aux idéaux proches, un groupe liant affirmation culturelle et politique : N’Gola Ritmos (rythmes d’Angola).
Mais ces jeunes gens voulaient créer une musique moderne, pouvant rivaliser avec les productions étrangères. D’où l’incorporation du format couplet-refrain, des tonalités mineures (rares en Afrique) et d’influences brésiliennes et cubaines, même si les traditions bantoues (la principale ethnie du pays) ne sont jamais loin. Bien sûr, le point d’orgue de ces chansons est la langue utilisée, le kimbundu, parlée dans la région de la capitale Luanda, et parfois teintée d’argot portugais. Les textes s’inspiraient souvent de contes traditionnels dont les double sens permettaient la critique sociale.
Le Semba était né. Il rencontre un réel succès au point d’inquiéter les autorités qui emprisonneront « Liceu » Vieira Dias », devenu un des fondateurs du MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Angola) pendant dix ans au début des années 60.
Les années 60 et 70 verront l’arrivée de nouveaux artistes mais aussi de nouveaux instruments comme la guitare électrique, la batterie, les cuivres et de nouvelles influences comme le Merengue ou la Rumba congolaise.
Durant la terrible guerre civile qui fit rage après l’indépendance (jusqu’en 2002), le Semba marqua le pas face à un nouveau rythme : le Kizomba, sorte de Zouk aux sons très synthétiques, dont une des stars se nommait Paulo Flores. Désirant donner à sa carrière et à sa musique une profondeur qui manquait au Kizomba, Flores fit peu à peu redécouvrir le Semba à toute une génération, sans esprit passéiste mais en revenant souvent au son acoustique des origines.
Bonga Kuenda, depuis longtemps exilé en Europe, entre autres en France, est l’artiste angolais le connu hors d’Angola, un des meilleurs ambassadeurs du Semba.
Aujourd’hui, le Semba est indissociable de la culture angolaise. Tous les jeunes artistes, même ceux évoluant dans le Rap, le R&B ou le Kuduro souhaitent enregistrer un Semba, une manière d’affirmer leur identité angolaise, rejoignant là l’objectif des créateurs de cette musique.
Découvrir notre sélection de CD
Mix en écoute
Paulo Flores : Poema do Semba
Bonga : Mulemba xangola
Angola 60’s : Uele
Bonga : Mona ki ngi xica
Paulo Flores : Amba
Teta Lando : Cecilia
Ritmo de Semba : Carnaval
Mario Rui Silva : Tchon bon
Rui Mingas : Monangambe
Par Stéphane H., mediathèque Marguerite Duras